C’était demain !
De DMC à MELTBLO France
Merci à Pierre Lamard, professeur d’histoire industrielle au pôle « Humanités » de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, pour la réalisation du volet historique de cet article.
Le textile « convoqué » par l’histoire
Les filatures et les tissages du Nord Franche-Comté se développent dès la fin du XVIIIe siècle
Si dès la fin du XVIIIe siècle les filatures et les tissages du Nord Franche-Comté se sont développés, c’est bien dans la mouvance et dans la dynamique des “indiennes” mulhousiennes, ces tissus colorés et imprimés de très grande qualité.
Une seconde impulsion est à souligner au lendemain du traité de Francfort du 10 mai 1871, mettant fin à la guerre franco-allemande. Les industriels mulhousiens comprennent rapidement l’intérêt de conserver le marché français. Il s’agit de fidéliser une clientèle en contournant les droits de douane, qui isolent les anciennes provinces d’Alsace et de Lorraine rattachées désormais à l’Empire allemand.
1879, la société Dollfus-Mieg et Cie (DMC) décide d’implanter une usine à Belfort
Comme d’autres entreprises métallurgiques ou textiles (Dollfus et Cie, Steiner et Cie, Georges Koechlin et Cie, Ribeauvillé…), la société Dollfus-Mieg et Cie (DMC), spécialisée dans la fabrication d’indiennes puis dans la production de fils à coudre et à broder (coton, lin et soie), décide d’implanter une usine à Belfort.
Des terrains sont acquis en 1879 et une année plus tard une halle métallique de 13 mètres de hauteur, construite pour l’exposition universelle de 1878, permet à un bâtiment de 215 mètres de long et de 30 mètres de large d’accueillir les premières activités de retordage du fil grâce à deux rangées de métiers anglais. La mécanisation et l’innovation sont bien présentes avec une transmission par des mouvements mécaniques en sous-sol, diminuant la dangerosité des espaces de travail. La production de cette cathédrale industrielle atteint 210 000 km de fils en 1887.
Les agrandissements bâtimentaires se succèdent (ateliers de tissage, finissage, blanchiment, teinturerie…), triplant au cours du temps l’emprise immobilière, l’usine atteignant son extension maximale à la veille de la Seconde Guerre mondiale, marquant le paysage industriel de son empreinte architecturale.
DMC : boîte de bobines ou écheveaux de fils
DMC : halle métallique
En 1960, l’établissement ferme, DMC ayant décidé le regroupement de ses activités à Mulhouse. Les bâtiments sont rachetés par la Compagnie Française des Machines Bull qui y transfère, depuis Saint-Ouen, les chaînes de matériel électromécanique (ateliers de mécanique, câblage, montage).
2020, le Nord Franche-Comté renoue avec l’industrie textile : MELTBLO France
En 2020, 6o ans après le départ de DMC, un autre événement majeur permet au Nord Franche-Comté de renouer avec l’industrie textile au travers de l’implantation de MELTBLO France.
Crédits photos : MELTBLO France
La genèse de cette nouvelle histoire démarre lors du premier confinement lié à la crise sanitaire en 2020. Nicolas Burny est alors dirigeant de la startup e-nispe, place de marché dédiée au non-tissé. Avec la pénurie de masques chirurgicaux, des échanges sont initiés avec l’ADN-FC, dans le cadre d’une réflexion concernant la fabrication de masques au sein du Cluster TIS. S’engage alors la recherche d’investisseurs que Nicolas Burny pourrait accompagner pour le montage d’une usine à Brognard en Nord Franche-Comté. Très vite, l’idée germe dans la tête du dirigeant de créer lui-même une nouvelle entreprise dédiée à la fabrication de meltblown, matériau filtrant permettant de fabriquer les masques chirurgicaux, FFP2 et FFP3.
C’est ainsi que naît la société MELTBLO France. En moins d’un an, le projet se concrétise, de la création de l’entreprise à la production, en passant par la recherche d’un bâtiment et de financements.
La production de meltblown démarre le 22 avril 2021 sur la zone d’activités Technoland dans le Pays de Montbéliard, renouant ainsi avec la tradition de l’industrie textile en Nord Franche-Comté.
Le Nord Franche-Comté fait partie de ces très rares “terres de refuge industriel” offrant un écosystème de solutions industrielles tel que l’on peut avoir la certitude de trouver toutes les réponses pour innover, produire, inventer ou encore… protéger. D’hier à aujourd’hui, le Nord Franche-Comté est une terre d’accueil des investisseurs, il sait protéger celles et ceux qui le choisissent pour y prospérer. Un fil d’ariane depuis plus de 200 ans d’histoire industrielle.
« Ce ne sont pas les perles qui font le collier. C’est le fil. »
